Je suis revenu au dojo - aîkido en itinérance

L'aïkido c'est pas facile. On met des années à savoir chuter. On met des années à retenir le nom des techniques. On met des années à appréhender leur forme globale. On met des années avant de se sentir à l'aise, en confiance et puis… On réalise qu'en fait on sait rien, qu'on a encore plein de détails qu'on n'a pas vu pas compris. Qu'au delà de la forme globale, il y a plein de principes qu'on n'a même pas encore perçus. Bref, l'aïkido, ça demande beaucoup d'implication et beaucoup de résilience. C'est un intense travail sur son ego. 


J'ai poussé la porte du dojo de Marc Senseï quand j'avais 15 ans. J'y suis venu parce que l'aïkido m'avait sauvé la vie. Une sombre histoire d'agression au couteau durant l'été. Mes "grands frères" m'ont protégé. Mes grands frères étaient pour moi des champions de l'aïkido. J'y suis venu avec cette conviction que l'aïkido c'est efficace pour se défendre. 


L'école de Marc à cette époque c'était dense. Y avait plein de monde, fallait faire attention à pas tomber sur les autres sur le tatami. Pendant 10 ans je suivais Marc les lundi à Castelnau, les mardi à la fac puis à Castries, les jeudi et samedi à Castelnau. Et le vendredi à la fac c'était Vincent Senseï. Sur le tatami c'était jeune, c'était la bagarre, ça volait et fallait aller vite. C'était exactement ce que je cherchais. 


Et puis à Castelnau, y avait ce papy. Il tremblait, il aurait eu besoin d'une canne, il était tout maigre et paraissait si léger. Je l'ai attaqué tout doux avec peur de le casser. Il a pas bougé et j'ai chuté. Il m'a dit d'envoyer et j'ai volé. 


Et puis je suis devenu adulte. Faut payer un loyer et donc bosser. Après 10 ans chez Marc je me suis arrêté 10 ans. 10 ans ou j'ai beaucoup taffé parce que ça me passionnait, parce que je pensais que beaucoup travailler c'est un gage de succès, parce que je me suis dit que ce que j'allais gagner là ce serait du temps libre plus tard… et l'aïkido me manquait.


On est restés en contact avec Marc grâce aux réseaux sociaux. Sur Facebook je voyais passer de plus en plus de posts sur l'évolution de la pratique. Surtout la baisse de pratiquants. Et je me suis senti concerné. Je me suis dit que j'aimerais bien faire de l'aïkido mais, sincèrement, comment concilier la pratique avec un rythme de vie d'actif ? Je suis tout le temps en déplacement pour le boulot, aux quatre coins de la France. Je fais de gros horaires. Comment être régulier, être à l'heure tous les soirs sur le tatami ?


J'ai osé un message à Marc sur Facebook. En mode : j'aimerais tellement revenir mais avec les déplacements pro je vois pas comment faire. Et là j'ai eu des réponses de Senseïs d'un peu partout en France qui m'ont dit : ben si t'es inscrit chez Marc et que tu passes dans notre coin tu as qu'à pousser la porte du dojo.


Et je suis revenu sur le tatami ! Je balade mon gi dans mon sac à dos aux quatre coins de la France. Un grand merci aux Senseïs et à tous ces pratiquants qui m'acceptent.



A gauche c'est Marc qui montre un truc, à droite c'est Bob qui essaye de faire le même truc. Dans les deux cas, le uke qui subit la chaleur et qui sert de support pédagogique c'est moi.



Commentaires

  1. J'aime beaucoup les deux illustrations en regard, elles illustrent parfaitement ce que tu dis de la distance entre ce que l'on cherche à faire et ce que l'on arrive à faire. Super, ton article. Merci de participer !!

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  2. Beau récit, intimiste et à partager;

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